Le Gemmage au XIXe siècle




01 - Couple de résinier



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Photo : Emile VIGNES entre 1920 et 1930
Le travail de gemmage est un travail saisonnier, comme tout travail agricole, mais aussi familial. Il comprend trois périodes distinctes :
  1. La préparation des pins, effectuée par le résinier aidée normalement de sa femme ;

  2. les « piques » faite par l’homme ;

  3. les « amasses » effectuées par tous les deux.

Les enfants contribuent aussi bien aux travaux de préparation que de récoltes.

Les pots vidés avec la « palique », dans la couarte. Au pied du pin, les « gemmelles ».


02 – Outils du Gemmier

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Source : gemmage du pin maritime par M. A. VIOLETTE – 1900 disponible sur Gallica

1. Grand Pitey – 2. Hapchot à échelons – 3. Hapchot – 4. Sarcle à pela – 5. Sarcle à brasqua ou barrasquite – 6. Pousse-crampon – 7. Maillet – 8. Attrape-pot – 9. Escouarte – 10. Hachère ou tos – 11. Perrus – 12. Peyre à aguada est son affiloir – 13. Tronc de pin 14. Crampon – 15. Pot – 16. Quarre – 17. Saley et pantchotte – 18. Broc – 19. Troupès – 20 Toupin - 21. Regen – 22. Graoupeou ou croc – 23. Couvercle à pot – 24. palique

03 - Gemmage au Crot

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Photo : Félix ARNAUDIN résiniers au travail le 15 Octobre 1891 à Commesnsacq

De l’antiquité à 1860, le gemmage se pratiquait sur les pins de plus de 60 ans. Le gémmier commençait par établir un « crot », c’est à dire un trou au pied de l’arbre , qu’il tapissait de mousse et gazon bien tassés et au dessus duquel avec la hâche d’abord puis le hapchot ensuite, il faisait une incision par laquelle s’écoulait la gemme. Le « pitey » est une sorte d’échelle à un seul montant comportant des petites marches taillées dans la masse d’une perche en bois, permettait de gemmer en hauteur..

04 - Raclage de l’écorce

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Source : M. SAYO – GRAYAN

Au mois de février, il faut « parer » le pin, c'est-à-dire enlever l’écorce dure, à la cognée pour les parties basses.


05 - Raclage de l’écorce

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Photo : Jacques CHAMBON : M. MIREMONT – Azur - Août 1980

Lorsque le travail se situe à hauteur d’homme, le raclage se réalise avec un outil nommé barrasquit d’espourga.


06- Pique au Hapchot

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Photo : Jacques CHAMBON : M. MIREMONT – Azur - Août 1980

La pique est l'incision faite périodiquement en haut de la care par les résiniers (gemmeurs, gemmiers).

Elle consiste à entretenir la care, c'est-à-dire entailler de nouveau le pin maritime grâce à un outil spécifique (, le hapchot »pour raviver la blessure et assurer un débit de résine suffisant.

Afin que la résine coule régulièrement, il faut rafraîchir les cares toutes les semaines en progressant de quelques centimètres vers le haut à chaque pique. Les copeaux qui tombent sont appelés des « gemelles ou galips » et sont gardés pour allumer le feu.

La profondeur de la care ne doit pas excéder 1 cm.



07 - Hapchot

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Photo : Jacques CHAMBON : M. MIREMONT – Azur - Août 1980

Le hapchot n’est pas une hache mais une lame en forme de col de cygne fixée à un manche, servant à « rafraîchir » la care.

Le gemmeur ou gemmier avec son outil extrêmement tranchant, dont le taillant courbe pratique des incisions concaves, fait sauter quelques minces copeaux de bois, de manière à élever l'entaille ou quarre d'environ un centimètre.

La légèreté de ce geste a donné lieu à une expression : har siular lo hapchòt : « faire siffler le hapchot » (Simin Palay, Escole Gastoû Febus, Dictionnaire du gascon et du béarnais modernes, Paris, CNRS (ISBN 2-222-01608-8)).

Pour les cares hautes le gemmeur utilise le « rasclet », sorte de fer de hapchot, monté, en mode de grappin, à l'extrémité d'un long manche.


08 – Affûtage

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Photo : Jacques CHAMBON : M. MIREMONT – Azur - Août 1980

L'affûtage du hapchot est essentiel pour maintenir son efficacité. Comme pour tous les outils de travail du bois, le tranchant doit être parfait.

Cette opération, réalisée plusieurs fois par jour est effectuée à l’aide de plusieurs pierres de grains différents.

Le gemmeur peut vérifier la qualité du tranchant en se rasant les poils.


09 – Pot Hugues

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Source : Contribution à l’histoire du boisement des landes de Gascogne – Roger SARGOS -Delmas 1949 p 482

Pour améliorer la qualité de la gemme récoltée, Pierre HUGUES, avocat bordelais a fait breveter pour 15 ans, en 1844 « un nouveau système d’extraction des résines à l’aide d’un réservoir ou récipient ascensionnel à déversoir avec couvercle concave à tiroir et à filtre s’élevant avec la carre et recevant la matière résineuse à sa sortie immédiate de l’arbre. ».

Après l’expiration du brevet, en 1860, l’utilisation du pot de terre déplaçable chaque année le long de la care, s’est généralisé.

10 – Pose du pot

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Photo : Jacques CHAMBON : Forêt communale – Soustons - Août 1980

Le pot de résine est disposé en bas de la care.

Il est fixé par le haut avec un « crampon » en zinc qui est accroché dans l’écorce à l’aide du « pousse crampon ».

Il est retenu à sa base par un clou qui est enfoncé au marteau.

11 – Plat à résine

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Photo : Jacques CHAMBON : Forêt communale – Soustons - Août 1980

Lorsque le pin est penché , la récolte ne peut se faire à l’aide du pot.

On dispose alors parterre à l’aplomb de la carre un récipient beaucoup plus large : le plat.


12 - Gemme

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Photo : Jacques CHAMBON : Forêt communale– Soustons - Août 1980

Toutes les cinq semaines environ, pendant l'écoulement de printemps et d'automne, toutes les trois semaines pendant l’été, l'homme vient transvaser dans la mesure la « couarte », seau d'une vingtaine de litres, la gemme, partie la plus fluide de la térébenthine qui s'est accumulée dans les pots.

En même temps, à l'aide d'une curette la « palique », il détache la pâte molle, communément désignée sous le nom de galipot, qui s'est déposée contre le crampon et contre la partie adjacente de la quarre; mélange ce galipot à la gemme et obtient ainsi la résine.


13 – Amasse

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Photo : Félix ARNAUDIN : 3 février 1918 à Commensacq

Les résiniers stockent la récolte de résine dans un bassin rectangulaire « la barque », creusée dans le sable.

Une femme porte sur la tête « l’escouarte », récipient à résine.

Les deux autres vident leur escouarte dans la barque.

Le petit abri couvert de brande sert à abriter les outils, voire le résinier en cas de pluie.


14 – Barrique Chalosse

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Photo : Jacques CHAMBON : Forêt communale – Soustons - Août 1980

La gemme récoltée dans les pots et les plats était déversée dans un barrique de 340 litres qui était une adaptation de la barrique de vin utilisée dans le pays de « Chalosse ».

Dans un premier temps elle était en bois, puis au XXème siècle elle était en zinc.

Pour faciliter l’amasse la barrique possédait une trappe.

Les barriques une fois remplies pouvaient être acheminées vers l’usine de distillation.

15 - Cabane de résinier

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Photo : Jacques CHAMBON : Forêt communale – Soustons - Août 1980